C’est ça, le lycée : la course à qui fera le plus de mal aux autres. À qui s’autodétruira le mieux. Être cruel, c’est tellement rock’n’roll. S’avouer malheureux, par contre... Moche, pas vrai ?
pourquoi il n’y aurait pas de monde après le lycée ? – Parce que derrière les grilles du bahut, y a aucun destin fabuleux, style téléfilm à la con, qui nous attend. Juste cette salope de réalité, avec sa gueule d’acier qui va nous broyer. Mais j’irai pas manifester pour autant, et tu sais pourquoi ? Ils me font gerber, les pantins qui le font. Défiler bourré dans la rue, ça dérange les gens qui tra- vaillent, pas le gouvernement. Si ces imbéciles voulaient vraiment faire bouger les choses, ils retireraient leur fric de la banque, ils rendraient les clés de leur 60 m2 – qu’ils sont bien contents, d’ailleurs, de remplir de merdes Ikea – et ils iraient marcher sur l’Élysée flingue à la main.
C’est ça la passion, ma belle. C’est vertigineux. Et parfois, ça laisse des traces.
Espèce douée d’intelligence... Tu parles ! Faut voir ce qu’on en fait de notre gros cerveau : on sait aller sur la lune et on a le matériel pour faire sauter la planète en quelques secondes, mais la moitié de la popu- lation crève de faim et on ne peut toujours pas soigner le cancer. L’humain, c’est de la grosse saloperie.